Écrit par Le Matinal du 10/03/2008
Blocage des activités au parlement : De graves conséquences pour le Bénin
Les activités parlementaires sont bloquées depuis une semaine et la troisième session extraordinaire de l’année qui sera clôturée demain mardi 11 mars 2008 n’aura connu que la gestion d’un seul dossier sur les cinq programmés. Au Secrétariat général de l’Assemblée nationale, plusieurs dossiers du gouvernement sont gardés dans les tiroirs.
Un peu moins d’une dizaine de dossiers relatifs à des accords de prêts ou de crédits du gouvernement du changement pour des projets de grandes portées pour le pays bloqué au Secrétariat général administratif de l’Assemblée nationale du fait de la crise actuelle entre les parlementaires. A d’autres occasions, ces dossiers auraient été programmés pour un vote en procédure d’urgence et gérés comme tel. Mais la situation actuelle qui semble être très viciée par les multiples sorties médiatiques de part et d’autre où chaque camp est obligé de faire des révélations, paraît avoir plutôt compliqué et même renforcé la crise et ne permet pas de sitôt un dénouement heureux pour le gouvernement du changement qui aurait voulu l’adoption de ces lois en urgence comme dans bien d’autres cas. Selon certaines sources parlementaires proches du cabinet du président de l’Assemblée nationale, on n’est pas prêt à convoquer une plénière sans avoir la situation en main et sans être sûr que tout le monde a déjà passé un coup d’éponge sur les tiraillements ainsi que les menaces qui ont failli finir, la semaine dernière, par des coups de poings entre députés de la mouvance présidentielle au sujet du refus d’un groupe de passer la question des 38 députés à Mathurin Nago en discussion. Et le gouvernement sera bloqué pendant tout le temps que durera la crise. Pour le camp défavorable à Mathurin Nago et qui semble actuellement majoritaire, on veut profiter de la toute première ouverture de la plénière pour reprendre les hostilités. Le premier questeur l’honorable Sacca Ficara l’a clairement exprimé à leur dernière conférence de presse. « On reviendra de toute les façons sur le sujet ». A contrario, le camp Nago qui l’a obligé à lever en catastrophe la séance la semaine écoulée pour éviter d’autres déballages alors que l’on était très proche de la bagarre, semble être aussi résolu à ne pas céder sans un minimum de garantie.
Des contraintes liées au Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Avec la situation actuelle où tous les deux camps paraîssent camper sur leurs positions, c’est le groupe favorable au président Mathurin Nago qui risque d’être le perdant. A cause des dispositions du Règlement Intérieur de l’Assemblée nationale. En effet, le président a prérogative pour ouvrir et clôturer les sessions. Pour avoir ouvert celle en cours, Mathurin Nago est tenu de la clôturer contre vents et marées demain mardi 11 mars 2008. En s’obstinant, il viole la Constitution, va en répondre et devra peut-être aussi compliquer la crise actuelle. Encore qu’il risque la colère du chef de l’Etat qui tient à la ratification des dossiers en instance avec une certaine célérité. D’un autre point de vue, le président Mathurin Nago qui doit clôturer la session en cours, ne peut pas refuser d’ouvrir la deuxième session ordinaire de l’année qui est prévue pour la première quinzaine du mois d’avril prochain. Ainsi, dans tous les cas de figure, si les autres arrivaient même à fermer les yeux sur la situation de demain pour ce qui concerne la clôture de la session en cours, l’ouverture de la session budgétaire a de fortes chances d’être bien tumultueuse et ne devra pas échapper à ses adversaires qui auront eu le temps pour mûrir d’autres stratégies contre lui. C’est pourquoi la formule préconisée par les siens pour éviter un débat sur le dossier des 38 députés ne semble pas la meilleure. Surtout que c’est en refusant à travers les termes actuels suivis des déclarations tapageuses à la presse que le groupe Mathurin Nago se jette en pâture. Car le processus d’une destitution d’un président de l’Assemblée nationale est très compliqué, mérite une certaine majorité et ne crédibilise pas le parlement si les faits contestés n’ont une certaine valeur pour la survie de la démocratie.
Jean-Christophe Houngbo (Br. Ouémé/Plateau) |